À propos

La caricature et la satire graphique, distincts mais impensables l’un sans l’autre, ont formé une partie importante, mais encore peu analysée ni même avouée, de la production artistique de la société québécoise depuis la Conquête. Émergeant en parallèle des productions littéraires, artistiques et idéologiques, elles n’ont toutefois pas été revendiquées comme actes artistiques ou politiques, posant des apories parallèles dans l’histoire de la culture visuelle et dans l’histoire des idées. Ce n’est que tout récemment qu’un recours aux institutions de mémoire qui les ont conservées (archives et musées) en a permis l’étude monographique. Parce que c’est dans un contexte spatio-temporel défini qu’ont été formulées les conditions à la fois de la lisibilité et du refoulement de la caricature et de la satire graphique québécoises, notre projet, première étude qui conçoive le sujet transversalement, porte sur un lieu et une période bien précis : Montréal entre 1890-1940. Le dépouillement iconographique et textuel soutiendra la mise en place d’outils d’analyse qui mèneront vers un projet à long-terme où l’histoire de la caricature et de la satire graphique au Québec de 1759 à 1960 deviendra possible. L’hypothèse de ce projet est que la période choisie mettra en évidence le fonctionnement complexe du jeu d’apories qui a articulé ces productions satiriques, ironiques et grotesques à la tradition historiographique qui se chargeait alors de représenter la société en devenir.

À partir des bases méthodologiques (recensement iconographique, analyse de corpus et d’infrastructure de diffusion, enquêtes sur le statut de la caricature face aux enjeux de la modernité dans les arts visuels et l’histoire de l’art) développées par l’équipe de recherche, ce projet analyse six principales productions caricaturales à Montréal, capitale culturelle d’une modernité internationale artistique vue ici par le prisme du journalisme pour la période 1880-1950 : Henri Julien, Arthur George Racey, Albéric Bourgeois, Harry Mayerovitch, Robert LaPalme, le sixième regroupant les petites productions en satire graphique d’extrême droite et gauche dans les années 1930, notamment pour John Collins. De l’entrée de Julien au Montreal Star au lendemain de l’affaire Riel jusqu’à la ré-election de Maurice Duplessis à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le projet prend le parti de bien saisir les grands jalons de cette évolution afin de vérifier les hypothèses de travail développées dans l’année 2009-10, pour ainsi préparer le plus grand projet d’inventaire exhaustif qui permettra éventuellement de constituer une grande synthèse historique d’études sur la caricature au Québec, 1759-1960. La tranche 2011-2014 permettra de développer l’équipe CASGRAM comme centre d’accueil à l’UQAM pour les premières études systématiques dans le domaine aux niveaux des 2e et 3e cycles, et de parfaire les outils d’enseignement et d’intégration des corpus aux cours et séminaires des trois cycles en histoire de l’art.

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